Ce mardi 15 octobre, à La Maroquinerie, la scène parisienne a été investie par un artiste dont le nom évoque immanquablement un héritage musical colossal : Dhani Harrison. Mais loin de se contenter de marcher dans les pas de son père légendaire, George Harrison, Dhani a présenté un spectacle audacieux, profondément expérimental, qui s’éloigne considérablement des sonorités des Beatles. À travers son univers musical unique, il semble avoir embrassé pleinement l’idée freudienne de « tuer le père » pour se forger une identité artistique bien distincte.
Un univers sonore atypique : entre DJ Shadow et Pink Floyd
Dès les premières notes, il est clair que Dhani Harrison a choisi une voie artistique singulière. Ses compositions, quelque part entre les paysages sonores de DJ Shadow et l’atmosphère psychédélique du Pink Floyd d’« Astronomy Domine », se révèlent à la fois envoûtantes et déroutantes. Les séquences climatiques qu’il propose, souvent difficilement accessibles pour des oreilles habituées à des structures musicales plus conventionnelles, font écho à une volonté de s’éloigner de l’ombre imposante de son père tout en explorant des territoires sonores non balisés.
La salle de La Maroquinerie, ce soir-là, n’était malheureusement pas pleine, un constat quelque peu décevant pour ce qui était son premier grand concert en France depuis la sortie de son album Innerstanding en octobre dernier. Il est cependant probable que cette absence de foule soit liée au caractère profondément expérimental de sa musique, qui peut ne pas être à la portée de tous. Le public présent était d’ailleurs en grande majorité constitué de fans grisonnants, plus familiers de l’œuvre des Beatles que des jeunes adeptes de la musique contemporaine.
Mereki Beach en première partie : Une collaboration en harmonie
Avant que Dhani ne monte sur scène, c’est Mereki Beach, chanteuse australienne à l’allure éthérée, qui a ouvert le bal avec un set folk-pop délicat. Sa présence sur scène n’a pas seulement marqué la première partie du spectacle, elle a également rejoint Dhani pour quelques duos lors de son set. Notamment sur « The Dancing Tree » et « Wolves Around the City », deux titres extraits de Innerstanding, l’album que Dhani défendait ce soir-là. Leur collaboration musicale, empreinte d’une belle harmonie, semble également s’étendre à leur vie personnelle, Mereki étant la compagne actuelle de Dhani.
Une performance audacieuse, entre ovation et perplexité
Lorsque Dhani Harrison et son groupe sont finalement montés sur scène, la prestation qui s’en est suivie a déconcerté plus d’un spectateur. Sa performance, bien que marquée par une ressemblance physique troublante avec son père, était à des années-lumière du style musical de George Harrison. Dhani a offert un spectacle résolument tourné vers l’expérimentation. Sur « Dangerous Lies », par exemple, il a utilisé le vocoder de manière presque hypnotique, rappelant Peter Frampton sur « Do You Feel Like We Do », tout en y insufflant une touche moderne à la Brian Eno.
Malgré des titres très aventureux et parfois même étranges, il est indéniable que l’atmosphère créée par Dhani sur scène finit par captiver. Son style planant, avec des morceaux souvent déstructurés, peut paraître déroutant, mais il enveloppe petit à petit l’audience, qui se laisse finalement porter par cette musicalité hors du commun.
Une liberté artistique inébranlable
Le concert, bien que joué dans une salle à moitié pleine, a pourtant témoigné de la liberté artistique dont jouit Dhani Harrison. Il semble se soucier peu du succès commercial immédiat de ses performances, préférant explorer des sons novateurs et originaux, quitte à perdre une partie de son public en chemin.
Dhani Harrison, bien qu’éloigné des standards commerciaux et populaires, incarne l’essence même de la liberté artistique. Ce soir à La Maroquinerie, même s’il n’a pas conquis l’ensemble de l’audience, il a néanmoins réussi à marquer les esprits par son audace et son intégrité artistique. Et pour cela, il mérite, sans aucun doute, notre respect.